La classification des êtres vivants telle qu’on nous l’a toujours apprise a été bouleversée avec la génétique. Grâce à l’ADN, on sait maintenant mieux quelle espèce est plus proche de quelle autre.

La classification phylogénétique raconte l’histoire du vivant en en montrant les liens de parenté. Et l’«arbre » de l’évolution a fait place au « buisson » !

En guise d’introduction, un petit questionnement…pour aller plus loin que le bout de son nez!

Si le sujet vous intéresse, procurez-vous vite ce documentaire! Et vous, combien d’espèces seriez-vous capables de citer ? Quelques-unes seulement… Pourtant, il en existe entre 5 et 100 millions, selon les estimations! Et l’homme est une espèce évoluée parmi d’autres. Ce qui bouleverse quand même toutes les théories énoncées précédemment depuis Artistote, en passant par Linné et Darwin, en fonction des croyances et des connaissances scientifiques de l’époque : jusque tout récemment, l’homme était placé au centre, voire au sommet de l’ensemble des espèces vivantes!

Le Musée de l’homme a également réalisé plusieurs MOOC sur l’origine de l’homme. Voici celui, très éclairant, sur le classement des espèces. Classer, c’est regrouper et non séparer! En cherchant des caractéristiques communes. Cette science s’appelle la systématique.

Mais comment aborder ces notions en classe ? A partir de quel âge ? Comment rendre compte au mieux de ces nouvelles façons de classer et des liens de parenté entre les espèces, alors que nous sommes encore imprégnés des idées qui ont traversé les siècles et qui étaient basées sur l’anthropocentrisme ?

C’est cette thématique qu’a choisi d’aborder cette année la formation ESERO qui encadre chaque année des centaines d’enseignants du fondamental désireux d’approcher autrement leurs cours d’éveil scientifique. Créé par l’ESA, l’Agence Spatiale Européeenne, pour soutenir les sciences à l’école, ESERO accompagne des enseignants depuis 8 ans, certains revenant d’année en année, d’autres accrochant les wagons au fur et à mesure du développement du projet. Le Pass en est partenaire, aux côté du Planetarium, de la HELHa, des Jeunesses Scientifiques et de l’asbl Hypothèse qui conçoit les contenus à diffuser par les partenaires.

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Lors de la formation ESERO, les enseignants étaient amener à représenter le cycle de vie de la grenouille. Créativité au menu!

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L’Homme adore les classements!

L’une des caractéristiques de l’homme, c’est qu’il a toujours voulu « classer », mettre les choses dans des boîtes avec des étiquettes. Pour classer, il faut déterminer des critères, et il y en a tellement à prendre en compte, que chaque choix de critère évacue le classement précédent… Tous les Musées d’histoire naturelle du monde, depuis Buffon au 18e siècle, proposent d’énormes collections d’animaux qui font la joie des enfants comme des adultes qui les découvrent.

En 6e primaire, l’enfant doit pouvoir avoir une idée de ce qu’est une espèce – des vivants qui se reproduisent entre eux. Mais bien avant, dès la maternelle, l’enfant peut découvrir cette diversité du monde du vivant  et se préparer à classer, c’est-à-dire à choisir des caractéristiques qui vont permettre de regrouper des individus dans un même groupe.

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Selon l’âge, s’exercer à observer et prendre du plaisir à découvrir, par exemple en capturant pour quelques instants dans une boîte des êtres vivants des environs pour tenter de dessiner chaque détail ; en essayant de retrouver quel est leur animal grâce à une clé de détermination simple ; en allant au Musée d’histoire naturelle pour observer de plus gros animaux et découvrir, en regardant leur squelette, des ressemblances entre des animaux qu’on croyait très éloignés les uns des autres ; en jouant, en racontant des histoires… Les enfants  pourraient aussi dès la maternelle commencer de petites fiches, qu’ils complèteraient d’année en année pour aboutir avec des fiches plus détaillées en 6e primaire.

 

2 livres suggérés lors de la formation ESERO

classificationLa promesse, Jeanne Willis, Tony Ross (illustrateur), Gallimard Jeunesse.

Dès 3 ans.

Là où le saule rencontre l’eau, un têtard rencontra une chenille. Ils se regardèrent dans les yeux et tombèrent amoureux. «J’aime tout chez toi, déclara la chenille. Promets-moi de ne jamais changer.» Sans réfléchir, le têtard promit…Mais tout le monde sait bien que les têtards ne peuvent rester les mêmes, pas plus que les chenilles, d’ailleurs. Qu’adviendra-t-il alors de leur amour ?

 

 

classificationMais où est donc Ornicar ?  Gérald Stehr, Willi Glasauer (illustrateur), Ecole des Loisirs.

Dès 8 ans

Le jour de la rentrée, la maîtresse (une petite fille) classe ses élèves (des animaux) par groupes pour les activités : d’un côté ceux qui boivent du lait, de l’autre ceux qui ont des plumes et un bec… Toujours au milieu, Ornicar, l’ornithorynque, est inclassable. Une grosse larme coule sur sa joue. Où peut-il aller, lui qui a une fourrure, un bec et qui boit du lait ?

 

Visite au Musée : observer pour mieux comprendre

L’asbl Hypothèse, pour préparer les formations Esero, travaille avec des enseignants volontaires. Certains d’entre eux ont testé une visite au Musée d’histoire naturelle qui a suscité bien des réactions auprès des enfants. De la curiosité, de l’étonnement, du plaisir. Titillés par des questions comme : « Ornicar, ce drôle d’animal qu’on ne parvient pas à classer, existe-t-il vraiment ? » ou « Quel animal possède un squelette ? », les enfants ont eu envie d’aller voir par eux-mêmes. Ils ont choisi chacun la vitrine qu’ils voulaient qu’on découvre. En voyant une aile d’oiseau, une autre de chauve-souris, une nageoire de baleine, un bras humain, ils se rendent compte que, même si à l’extérieur, tous ces êtres vivants semblent différents, à l’intérieur, ils ont une structure assez semblable… Ils comprennent dès lors mieux qu’ils ont un ancêtre commun. Ils voient aussi que la raie et le requin, par exemple, qui ont longtemps été mis dans la même famille des « poissons » que la baleine, sont peut-être plus éloignés qu’on ne le pense de prime abord : alors qu’on voit bien le squelette d’un animal osseux comme la baleine, les animaux cartilagineux doivent être conservés dans du formol, sans quoi leur cartilage disparaît…

« Dans la nouvelle classification phylogénétique, on se base sur ce que l’animal a », explique Sabine Daro de l’ASBL Hypothèse, qui se veut rassurante auprès d’enseignants parfois désarçonnés par ces changements. « On supprime donc le groupe des invertébrés, qui étaient réunis parce qu’ils « n’ont pas de vertèbres », et le groupes des reptiles également, parce que du point de vue de la parenté évolutive, le crocodile est plus proche de l’oiseau que de la tortue. Et désormais, les « poissons » forment 2 groupes distincts : les osseux d’un côté, les cartilagineux de l’autre, la baleine est plus proche de nous que du requin, par exemple… Les gros changements se limitent à ça ! »

Transmettre l’idée de l’évolution, et donc apprendre à classer selon ces critères biologiques, est important ; ce qui n’empêche pas toutes sortes de classements possibles et imaginables : le classement dépend du projet de celui qui classe ! Le cuisinier mettra tous les fruits de mer et les poissons dans la même catégorie !

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