Non, non, il ne s’agit pas de refaire le nez d’une starlette sur le déclin ! Le/la plasturgiste travaille le plastique, le transforme, lui donne des formes. Et c’est un des nombreux métiers en pénurie dans le secteur de la chimie. A Châtelet, des jeunes s’y préparent.

Comment fabrique-t-on un peigne ?

Vous êtes-vous déjà demandé comment votre peigne, votre flacon de gel douche, votre boîte à tartines ou votre selle de vélo étaient fabriqués ? Le plastique est tellement omniprésent dans notre vie quotidienne qu’on utilise des tas d’objets sans en connaître leur origine. Et même s’il a mauvaise réputation – on en surconsomme, notamment en matière d’emballage ! -, ce n’est pas demain la veille qu’on pourra s’en passer !
En Wallonie, deux écoles proposent aux jeunes de se former à ce métier qui ouvre de nombreuses portes. L’Athénée Royal de Ciney et l’Athénée Royal de Châtelet, où nous avons poussé les portes de l’atelier. William, Logan, Nathan et 8 autres jeunes ont opté pour la plasturgie en 5e technique de qualification ; ils sont 7 en 6e. A côté de leurs cours généraux, ils ont 8h de théorie et 8h de pratique dans leur spécialisation. Leur professeur, Quentin Depaye, a 25 ans ; il a suivi la même filière, il la joue « cool » tout en étant la personne de référence : autant dire que le courant passe bien ! « Je suis allé à l’école à Ciney. Le général ne me convenait plus : je voulais me préparer à faire un métier directement après le secondaire. J’ai tout de suite accroché. Mais finalement, j’ai quand même poursuivi mes études : j’ai découvert qu’il y avait un BTS à Lille, et qu’on pouvait le suivre en alternance. C’était plus intéressant pour moi car 2 semaines par mois, j’étais dans le monde « réel », en entreprise.» Quentin a encore été plus loin : il a suivi les cours à l’école d’ingénieur d’Alençon (France) pendant 3 ans ! Il a ensuite rapidement été appelé pour remplacer un professeur à Ciney. Depuis, il se passionne pour cette facette du métier qui l’amène à transmettre ses compétences à des jeunes. Mais le monde de l’industrie l’attire toujours…

Plasturgie, une filière pas comme les autres

Plasturgiste

Le dessin assisté par ordinateur, une des facettes de la formation

Les élèves, à ce stade de l’année, découvrent le B.A/BA du métier et semblent épatés. Le dessin assisté par ordinateur, « la » machine de l’atelier, une presse d’injection plastique Boy 55E bientôt rejointe par une petite soeur, les voyages dans des salons spécialisés à Eindhoven, Paris ou Dusseldorf, les formations à l’extérieur pour manipuler d’autres machines, comme à Technocampus à Gosselies ou – le top du top pour les ados! – à Spa-Francorchamps : tous ces éléments contribuent à motiver les élèves. Même si bien sûr, comme pour toutes études, il faut passer par la théorie. Connaître la composition des matériaux, reconnaître les différents plastiques et leurs propriétés, les PVC, polyéthylène, polypropylène et compagnie, distinguer les thermoplastiques – que l’on peut faire fondre et refondre, un peu comme du chocolat, et qui peuvent donc être recyclés – et les thermodurcissables – qui, une fois chauffés ne peuvent plus revenir à leur état liquide, que l’on peut comparer à un œuf…

 

 

Nathan, William, Logan et les autres : des élèves plasturgistes motivés

Nathan, 18 ans : « Cette formation découle un peu de ce qu’on a fait en électromécanique. On verra si je termine juste mon cycle de 2 ans ici, ou si je continue par la suite dans le supérieur à Lille, pour me spécialiser en plasturgie. Tout ce qui est plus manuel, plus technique m’attire. C’est avec cela que je me sens le plus à l’aise. Et en plus, je pense qu’en allant dans des salons, en discutant avec d’autres, parfois dans des langues étrangères, on va forcément être plus ouverts, on va devoir s’exprimer, communiquer aussi…
Logan, 18 ans : « C’est un métier d’avenir ; il y a de la demande et on est sûrs de trouver du travail ; c’est plus motivant… »
William a 16 ans, il vient de l’enseignement général, maths fortes-sciences fortes ! « Manipuler me manquait. Je n’avais pas assez de pratique et je ne me voyais pas rester plus longtemps assis derrière un bureau ou devant un PC. J’ai découvert la plasturgie à un salon au Shape, à Mons. Je n’avais jamais vu ce genre de machine de ma vie, cette technologie. J’ai eu le coup de cœur ! »
Quentin Depaye, enseignant : «Ce qui est motivant aussi pour eux, c’est qu’on vient les chercher ; les entreprises viennent dans les écoles quand elles doivent recruter. En plus des conférences et des visites dans des salons, qui leur permettent de voir ce qui se passe à l’extérieur, je vais proposer des visites en entreprise, c’est concret. L’école est ouverte à tous ces déplacements extérieurs, elle soutient la section, c’est très encourageant. »

Bruno Philippe, le plastiman et sa Plastimobile !

plasturgisteImpossible de parler plasturgie en Wallonie et à Bruxelles sans mentionner le nom de Bruno Philippe ! Il se bat depuis des années pour faire connaître cette discipline et la valoriser. « Tout le monde tirait sur le plastique, car les déchets que cela génère, c’est embêtant ! Personne ne voulait faire de formation professionnelle dans le secteur, alors qu’il y avait de la demande ! » Mais le combat paie : une section en plasturgie s’ouvre il y a 20 ans à l’Athénée de Ciney, et un peu plus tard à Châtelet : 220 jeunes techniciens ont déjà été formés en plasturgie, parmi lesquels quelques filles. Quelques-uns commencent à aller à Lille pour poursuivre leurs études.
Et puis il y a eu la Plastimobile, qui va d’écoles en salons pour vulgariser la matière : « A l’époque où la section de Ciney était en difficulté, les élèves ont eu l’idée de promouvoir la filière par un atelier itinérant, en montrant des machines de petite dimension dans une remorque transformée pour l’occasion. Je leur ai dit : c’est vous qui allez expliquer ce que vous faites ! Puisqu’ils sont sur ces machines pendant l’année, c’est eux qui peuvent le mieux en parler à Monsieur Tout le monde ! »

Depuis, le projet a pris de l’ampleur : Bruno Philippe intervient sur demande dans les écoles primaires et secondaires avec des modules en phase avec les programmes scolaires. Fabriquer du plastique avec du lait, faire de la physique et de la chimie en s’amusant, découvrir des machines miniatures, et parler de la gestion et du recyclage des déchets plastiques : les thèmes abordés en atelier sont diversifiés. Pour les sorties extérieures, ce sont les élèves, sous forme de job étudiant, qui sont les ambassadeurs de la Plastimobile, de la Foire de Libramont au Salon du Siep en passant par le festival Esperanzah. 12 à 13000 personnes sont touchées chaque année.

plasturgiste

Des granulés…au peigne ! La Boy va permettre aux élèves de se familiariser avec la technique d’injection plastique : ou comment fabriquer un objet en plastique ? On insère les granulés de plastique, la matière première, dans la trémie ; la machine chauffe pour faire fondre les granulés dans un fourreau où la quantité de matière nécessaire est bien dosée ; enfin, on moule la matière chaude, puis on la laisse refroidir avant de l’éjecter. Voilà nos peignes !

 

 

Un tissu wallon bien vivant !

Dans le domaine de l’industrie de la chimie et des matières plastiques, on connaît bien sûr les grands noms, comme Solvay ou Total, qui produisent les matières à transformer. On sait moins que la Wallonie compte de nombreuses petites entreprises, issues des années 60 : « c’est un secteur d’entrepreneurs qui ont démarré à l’époque dans leur garage ou dans leur jardin en transformant la matière. Ils travaillaient de façon manuelle, tournant des manivelles pour sortir des pièces en plastique», explique Bruno Philippe, qui connaît particulièrement bien le secteur. Aujourd’hui, tout est automatisé, et la Wallonie compte un tissu de PME qui occupent des niches de marché bien spécifiques. Soit plus de 200 entreprises pour près de 15 000 personnes occupées ! Quelques exemples : Reddy et ses boîtiers électriques à Seneffe, Sabert à Nivelles, avec ses plateaux pique-nique ou ses couverts en plastique, Polymar et son matériel d’équitation à Nivelles, ou, pour citer une plus grosse entreprise, le géant américain Baxter qui produit à Lessines ses poches de perfusion.
Plus d’infos sur le cluster wallon du plastique.

 

Découvrez d’autres métiers dans le Lab’expo chimie et sciences de la vie.

Et sur ce blog, découvrez le portrait de Jamila Louahed, responsable du service R&D chez GSK vaccins.

 

 

 

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