Pour son nouvel espace dédié au numérique, le Pass a fait appel à plusieurs artistes : avec leurs créations pleines de poésie, ils montrent que les technologies peuvent aussi raconter de belles histoires… Exemple avec le studio parisiens Chevalvert, qui propose 2 œuvres.

Chevalvert

L’équipe de Chevalvert lors de l’installation des œuvres au Pass.

Chevalvert est un studio de design visuel implanté à Paris. Développeurs, programmeurs, scénographes, designers, personnes spécialisées dans la lumière : l’interdisciplinarité est de mise dans son fonctionnement interne comme pour ses collaborations extérieures. Fasciné par l’architecture de la Salle des Machines empreinte de l’histoire minière du lieu et témoin d’archéologie industrielle d’après-guerre, le studio a répondu à l’appel à projets lancé par le Pass pour la Waouh Zone. 2 de ses œuvres y jouent avec les murs de béton. Murmur est l’adaptation d’une installation interactive qui a beaucoup voyagé depuis 2013 ; Social Boids est une création spécifique pour le Pass.

 

 

 

 

Murmur habille votre voix

ChevalvertDans la Waouh Zone, les visiteurs sont invités à  souffler, murmurer, voire crier dans un « cornet » de leds pour voir ce que leurs sons peuvent produire comme danse sur le mur d’en face. C’est leur intervention qui crée des partitions visuelles pleines de surprises  : chorégraphies de bulles ou stries plus angulaires qui s’entrechoquent…

Derrière cette poésie se cache en réalité tout un travail de conception, qui fait appel à plusieurs techniques et métiers complémentaires. La captation sonore est ainsi transformée en un ruban de leds connectés au mur. La voix devient un signal lumineux et cette impulsion électrique, en contact avec le mur, génère des univers graphiques. Dans l’élaboration du projet, la création artistique et la programmation ont progressé en même temps, se nourrissant l’une l’autre.

« Murmur est né de l’idée de rendre visible la voix et de créer une communication entre l’utilisateur et le mur connecté», explique Julia Puyo, directrice artistique chez Chevalvert. « On a créé des story-boards avec une narration basée sur des principes physiques comme la lumière, la gravité, les collisions : des particules pixels qui vont réagir au contact de la voix, des univers filaires qui créent des notions de profondeur, des tunnels où on joue avec la perspective et les déplacements pour avoir l’impression d’entrer dans le mur, des bulles qui peuvent s’accumuler, rebondir ou tomber vers le bas… Le spectateur peut simplement s’émerveiller ou essayer de comprendre comment ça marche, en fonction du son qu’il produit.»

Chevalvert

Murmur, lors d’une précédente installation en plein air (ph.alex.dobrovodsky).

«  Le projet est basé sur la communication : sans le public, rien ne se passe ! Chaque fois, on peut être surpris par la réaction des visiteurs ; il y a les timides, qui vont avoir une expérience privée avec le dispositif et juste murmurer. Et puis ceux qui se laissent aller et vont même jusqu’à exprimer leurs émotions par le corps. Des enfants qui sautent, qui essaient d’attraper les bulles… »

Murmur a été créé en 2013 avec la complicité de 2Roqs, Splank et Polygraphik. Lors de chaque installation, l’équipe se réapproprie le lieu.

 

 

 

 

Social Boids ou les petits hommes bleus

Observer comment la technologie modifie nos comportements et comment nous pouvons à notre tour modifier la technologie : c’est également avec ce principe que joue l’œuvre numérique Social Boids. Les SoBos forment une micro-société de petits êtres lumineux qui interagissent entre eux mais aussi en fonction des visiteurs. Chaque groupe de SoBos peut développer des caractères liés à la joie, à la peur, à l’excitation… Et c’est une petite histoire qui se raconte à chaque fois.

« La technologie de projections lumineuses réagit au mouvement et à la présence des visiteurs », explique Stéphane Buellet, directeur de création et co-fondateur de Chevalvert. « L’interaction avec les autres êtres de la société et l’interaction avec le public viennent modifier les règles de base de la petite société. Au niveau de l’architecture, on joue aussi avec les cavités ou les poutres au sein de l’installation pour que les Sobos viennent faire vivre l’espace par leurs mouvements. Concrètement, à la base, il y a un algorithme qui gère un ensemble de particules, les déplacements les uns envers les autres, la collision, les différents types de mouvements, les comportements et les rites mis en place. Ceux-ci évoluent au fil du temps et de la présence des spectateurs. On a une sorte de contemplation de cette société et en même temps on vient la perturber. »

Chevalvert fait parler les murs, et ce qu’ils ont à raconter tient un peu du passé d’un lieu, et beaucoup de notre histoire d’aujourd’hui et de demain…

Les autres oeuvres à découvrir dans la Waouh Zone

« MOVIOLA est né d’un rêve d’enfant: piloter un sous-marin ou une navette spatiale à la découverte de mondes inconnus et étranges. » L’enjeu principal de Moviola était de concevoir une installation organique qui fasse déconnecter le public de la vie réelle. Grâce à un univers visuel et sonore captivant et une navigation totalement analogique, l’installation transporte le visiteur en voyage, un voyage abyssal abstrait et poétique.

L’univers graphique est fortement inspiré des lithographies de sciences naturelles publiées par le biologiste allemand Ernst Haeckel, principalement ses illustrations d’organismes planctoniques et méduses qui nous rappellent l’impressionnante beauté du monde biologique.

Une autre grande inspiration, qui donne son nom à l’œuvre, est la Moviola, première table de montage, qui grâce à ses manivelles permettait de visionner et choisir les coupes dans la pellicule. Par sa taille et son allure particulière, l’opération de montage se présentait comme un véritable corps à corps entre l’homme et la machine.

Dans l’installation MOVIOLA, le public, en actionnant les manivelles, compose son voyage (ou son film), un voyage unique car il dépend des manivelles, de la vitesse et direction choisies par chacun.

MOVIOLA se compose de milliers de petites pièces, créées et usinées à partir des outils de fabrication digitales: imprimante 3D, fraiseuse digitale et laser. L’installation entière se monte et démonte comme un énorme puzzle.

Mécaniques Discursives

 

A propos de Mécaniques Discursives, François Delvoye, artiste et ami du duo Penelle/Jacquet, a écrit ceci : « Tel l’abécédaire déjanté d’une improbable usine du monde, telle une mythologie hybride et intemporelle, les gravures féroces de Frédéric Penelle dialoguent avec l’art vidéo aiguisé de Yannick Jacquet – à moins que ce ne soit l’inverse – pour raconter soigneusement, drôlement, l’indubitable évidence des non-sens du monde, la genèse de la priorité introuvable entre les œufs et leurs poules, entre les savants et leurs machines, entre vos cerveaux et leurs hallucinations. Cette démonstration implacablement absurde hoquette et sourit, surtout, de nos propres inondations et enfumages incontrôlés, de nos vanités mécaniques. »

 

 

Nicolas d’Alessandro, cheville ouvrière d’Hovertone, se souvient : « L’œuvre que nous avions présentée lors de l’appel à projet était imaginée pour un mur plat, plus grand ce que nous avions l’habitude de faire, mais plat. Quand Nathalie et Caroline (ndlr : du Pass) nous ont proposé de le mettre ailleurs, dans un couloir, un genre de labyrinthe qui n’avait plus rien à voir avec un mur plat, on a failli laisser tomber. C’était un endroit beaucoup moins facile ; s’en est suivi une semaine de craintes. Jusqu’au jour où on a décidé de repartir à zéro…3 mois avant la livraison ! Et finalement, la peur s’est transformée en opportunité : A partir du moment où on est partis sur un nouveau projet, toute la créativité s’est développée, le registre des choses qu’on peut faire a explosé, on a changé de catégorie dans la taille et la complexité au niveau technique comme artistique. On peut dire qu’on fait du monumental.

Le système de multi-projection a été mis au point en collaboration avec le CLICK’ (Living Lab des Industries Créatives – Institut Numediart

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