Retour vers le passé : dans les années 50, un tunnel de liaison fut construit pour amener le charbon à trier, du charbonnage du Grand-Trait à celui de Crachet. Visite guidée…

On le sait : après la guerre 40-45, les fonds Marshall américains, destinés à relancer l’industrie européenne, ont permis au charbonnage de Crachet ainsi qu’à beaucoup d’autres de se moderniser : c’est de cette époque que datent notamment l’actuel châssis à molettes qui veille encore aujourd’hui sur le Pass et sur Frameries. Mais aussi le lavoir, très moderne pour l’époque, qui permettait de traiter 325 tonnes de charbon par heure.

Un centre de tri moderne pour l’époque

Etant donné cette grande capacité, on y triait le charbon extrait à Crachet, mais aussi les produits bruts en provenance du Grand Trait et du 10 de Grisoeuil, à Pâturages.
Pour acheminer cette production tout en évitant la traversée de Frameries, ce qui aurait engendré des expropriations et encombré le centre-ville, les ingénieurs de l’époque ont imaginé de construire un tunnel. Il fut mis en activité en 1955 : son utilisation fut donc de courte durée, puisque Crachet fermait ses portes en 1960.

Expérience intense

Nous avons eu l’occasion récemment de parcourir cet ancien tunnel, témoin du passé du site, en compagnie de Vincent Vincke et de Philippe Delforge, 2 passionnés associés au sein du SEROS, le service d’étude et de recherche des ouvrages souterrains. Etrange expérience que de cheminer en file indienne dans le noir, éclairés par notre seule lampe frontale, dans ce tunnel humide et sombre. Comme le faisaient à l’époque des centaines et des centaines de berlines emplies de charbon, glissant sur les rails vers le centre de tri. Comme le faisaient aussi, des centaines de mètres plus bas, les mineurs qui extrayaient la roche dans la pénombre, la chaleur, ne voyant que très peu la vraie lumière du jour.

Des ateliers sous terre

Le tunnel s’étend sur 2 km en ligne droite et fait une boucle près des 2 puits du charbonnage du Grand-Trait, de l’autre côté de Frameries – sur le terrain de l’entreprise Doosan. Il est rejoint à cet endroit par la liaison en surface qui acheminait les charbons depuis Pâturages. Deux recettes souterraines y avaient été aménagées.
On y trouve également un atelier avec une fosse pour réparer les locomotives quand il le fallait.
Plus tard, l’Iniex (Institut national des industries extractives – actuellement Issep ) y recréa une galerie dans laquelle elle provoquait des explosions pour procéder à des tests.

Mais les conditions d’exploitation de Crachet comme des autres charbonnages borains étaient très mauvaises en raison des nombreux plissements présents dans les gisements et de leur profondeur. Le rendement était moindre qu’ailleurs et la main-d’œuvre plus chère… Crachet fut donc condamné à fermer en 1960 et ses toutes nouvelles installations à rester à l’abandon… Jusqu’à ce que la décision soit prise d’y créer un musée des sciences et de confier la réhabilitation du site à Jean Nouvel.