La campagne communication lancée par le Pass « Quand je serai grand, je serai… » est l’occasion de se pencher sur l’évolution de l’intérêt des jeunes pour les filières technologiques et scientifiques. Tour d’horizon non exhaustif…

C’est notamment pour répondre, dans les années 90, au constat dressé par les universités et hautes écoles wallonnes d’une chute quasiment constante du nombre d’étudiants inscrits dans les facultés de sciences, de sciences appliquées, dans les filières d’ingénieurs et de techniciens que le Pass a vu le jour. Le Gouvernement wallon décida alors de placer la sensibilisation des jeunes aux sciences parmi ses priorités, en se dotant d’un équipement de diffusion de la culture scientifique comme le Pass.
Depuis sa création en 2000, le Pass a accueilli des centaines de milliers de jeunes dans le cadre scolaire, mais aussi pour des visites familiales. Ses équipes ont essayé, à travers les expositions et les animations, de donner le goût et le plaisir d’apprendre, de questionner et de comprendre comment les sciences et les technologies changent notre vie de tous les jours.

« Quand je serai grand, je serai… » : la campagne communication du Pass

Pour donner corps à cette réalité, nous avons retrouvé, pour la campagne de communication intitulée « Quand je serai grand je serai… », de jeunes adultes qui, aujourd’hui, ont choisi des études et des métiers techniques et scientifiques et témoignent de leur parcours. Pour certains d’entre eux, comme Neil, Féliz ou Baudry, le Pass a joué un rôle prépondérant dans leur orientation à travers les concours de robotique. Pour d’autres, comme Lola, Gaspard, Vincent ou Clémence, les liens sont sans doute moins forts, mais les souvenirs de leurs visites successives au Pass durant leur enfance et leur adolescence sont toujours reliés au plaisir. Le plaisir du jeu, de la découverte et de l’apprentissage.
Or, comme le relevait l’étude internationale ROSE sur la perception de la science par des jeunes de 15 ans, les facteurs émotionnels sont prépondérants dans le choix de se tourner vers les disciplines scientifiques et technologiques. Ces matières sont souvent considérées comme désincarnées; dès lors, en proposant des approches pratiques, interactives, ludiques voire interpellantes, le Pass a compris – comme d’autres acteurs de diffusion des sciences avec qui il collabore régulièrement – l’importance de rendre vivantes ces différentes disciplines. De leur donner du plaisir et du sens.

Les filières scientifiques un peu moins mal aimées, mais…

Mais qu’en est-il de l’évolution des mentalités à ce sujet ? Les filières sciences sont-elles encore les bêtes noires des jeunes ? Les campagnes successives menées par les pouvoirs publics et les différentes organisations professionnelles portent-elles leurs fruits ?
Sans doute. L’évolution semble positive, mais le marché de l’emploi est tellement demandeur que certaines pénuries subsistent. Essayons de dresser un état des lieux.
Thierry Castagne, Directeur d’Agoria Wallonie récemment en visite au Pass lors des journées scolaires « la Technique c’est physique », donne une première réponse :

En manque d’ingénieurs

10.290269001442915176« Les défis en matière d’environnement, d’énergie, de communication, de santé, de mobilité, de construction…seront résolus par les innovations scientifiques et techniques. Or, ce sont les ingénieurs qui sont à la source du développement de ces solutions ». Partant du constat qu’il faudrait, rien que pour la Wallonie et Bruxelles 500 ingénieurs de plus par an, 3 fédérations professionnelles importantes, Agoria (industrie technologique), la Confédération de la construction et essenscia (industrie chimique et des sciences de la vie) ont récemment uni leurs forces pour promouvoir le métier d’ingénieur : le manifeste « ingénieur, l’atout majeur », propose 7 mesures s’articulant autour de l’orientation et de la formation. Soit, d’une part, développer le goût des maths et des sciences en faisant comprendre l’utilité de ces matières dans la vie de tous les jours et, d’autre part, renforcer d’urgence les liens des formations avec le monde professionnel.
Certains jeunes préfèrent opter pour des bacs professionnalisant, menant à des métiers très précis. La demande là aussi est forte, et les études conviendront sans doute mieux aux jeunes qui ont besoin de se plonger directement dans le concret des choses!

Profils techniques et scientifiques fortement recherchés

La fédération professionnelle essenscia estime que pour combler les départs à la retraite, le secteur de l’industrie pharmaceutique s’apprête à engager plus de 4500 personnes dans les 10 ans à venir, principalement des profils techniques et scientifiques. Les niveaux d’études concernés sont divers, des Techniques de qualification scientifiques ou techniques, au Master et PhD en sciences exactes, Pharmacie, Médecine en passant par le Bachelier scientifique et le Bachelier technique.
agoriaDu côté d’Agoria, on précise que, indépendamment des profils issus des universités et hautes écoles, les métiers techniciens les plus demandés sont le technicien en usinage (une option de technique de qualification proposée dans une douzaine d’écoles de Wallonie, mais en véritable pénurie), le mécanicien automaticien (technique de qualification),l’électricien automaticien (technique de qualification), le métallier soudeur (professionnel), le technicien en électronique (technique de qualification) et le mécanicien d’entretien (professionnel).
Le hic, particulièrement en Belgique, réside dans l’inadéquation entre les emplois vacants et les compétences disponibles sur le marché. Toujours selon les chiffres d’Agoria – et ne reprenant donc que les métiers liés à l’industrie technologique – le nombre de diplômés francophones s’élève, par exemple, à moins de 100 techniciens en usinage, 300 informaticiens et 1100 ingénieurs civils et industriels par an; suivant les profils, il faudrait une hausse du nombre de diplômés allant de 50 à 200% pour rencontrer les besoins des employeurs !
Robotisation vs créativité
Par ailleurs, faut-il craindre l’évolution technologique ? Certains chiffres font état de ce que, à grand renfort d’intelligence artificielle et de robotisation, la quatrième révolution industrielle marquera la disparition à court terme (d’ici 2020 !) de pas moins de 7,1 millions d’emplois dans les 15 économies les plus industrialisées au monde, ne créant dans le même temps que 2 millions de nouveaux emplois. Ce thème vaut plusieurs articles à lui seul, mais, pour rester sur le sujet qui nous préoccupe, cette évolution plaide notamment pour que l’on mette nettement plus l’accent sur le renforcement des compétences dans lesquelles les humains continuent de surpasser les machines : la créativité, l’empathie, la réflexion axée sur les solutions.
Bref, encore de beaux jours et énormément de pain sur la planche pour tous ceux qui, à leur niveau, contribuent à la formation des jeunes! Dont le Pass.
Visionnez la vidéo réalisée lors des journées scolaires « La physique, c’est technique » :

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