Innover en regardant la nature : c’est le principe qui régit le biomimétisme, une science toute jeune…même si l’homme, depuis toujours, a imité les plantes et les animaux…

Les feuilles de lotus, les termitières, la peau du requin ou la forme effilée du bec du martin-pêcheur : voici quelques exemples parmi d’autres de propriétés de plantes ou d’animaux qui ont récemment inspiré les chercheurs pour améliorer des technologies ou des produits utilisés par l’homme. On parle de biomimétisme, cette discipline scientifique qui repose sur le fait que la nature, depuis des millions d’années, trouve toujours le moyen de survivre en s’adaptant naturellement aux circonstances.

Observer la nature…puis reproduire pour l’homme

C’est la biologiste américaine Janine Benyus qui a formalisé cette théorie en 1997. Sa définition : « le biomimétisme est une démarche d’innovation qui fait appel au transfert et à l’adaptation des principes et stratégies élaborés par les organismes vivants et les écosystèmes, afin de produire des biens et des services de manière durable et rendre les sociétés humaines compatibles avec la biosphère. » Elle précise aussi dans l’un de ses ouvrages : « observer, comprendre et appliquer: suite à l’observation d’un aspect de la nature, il suffit de découvrir un comportement, un geste, une forme, un fonctionnement, ou autres faits intéressants, de rechercher l’explication de cette intrigue, puis d’essayer de la reproduire en utilisant les technologies que l’être humain maîtrise. »

Le biomimétisme : réconcilier progrès et respect de l’environnement

Bien sûr, les hommes ont depuis toujours observé la nature pour vivre, s’alimenter, construire leur habitat ou leurs moyens de transport. Mais aujourd’hui, les défenseurs du biomimétisme suggèrent que cette science pourrait réconcilier économie, progrès, respect de l’environnement et biodiversité et éviter ainsi la fuite en avant de l’homme qui surexploite les ressources de la planète.
On peut s’inspirer de la nature de plusieurs façons : les formes, les matériaux, le fonctionnement des écosystèmes ou encore un mélange de tout cela.

Du martin-pêcheur au TGV

Par exemple, c’est en observant le martin- pêcheur plonger dans l’eau pour attraper des poissons qu’un ingénieur japonais améliora la forme et donc les performances du TGV japonais, le Shinkansen. Lors de sa construction, un souci de taille s’était posé : le train devait traverser de nombreux tunnels; la pression de l’air à l’entrée et à la sortie des tunnels freinait sa course et entraînait des nuisances sonores. Or, grâce à son bec effilé et tranchant, le martin-pêcheur parvient à plonger rapidement dans l’eau sans la moindre perte de vitesse et sans éclaboussure…alors qu’il rencontre la forte résistance de l’eau. La solution ? Donner au train la forme effilée du bec de l’oiseau, plus aérodynamique. Le résultat est étonnant : le train consomme moins d’électricité, il est moins bruyant et beaucoup plus rapide!

L’architecture très élaborée des termites

La nature inspire les architectes aussi : au Zimbabwe, en Afrique, l’immeuble Eastgate n’utilise pas de système de climatisation et réalise ainsi d’énormes économies d’énergie. Son secret ? Un ingénieux système de galeries inspiré de l’organisation des termitières qui restent à température constante quelle que soit la température extérieure.
La feuille de lotus a inspiré également plusieurs innovations. Elle possède en effet une propriété épatante : sa surface est hydrophobe. L’eau de pluie roule parfaitement sur la feuille et emporte avec elle salissures et poussières. Auto-nettoyante, en quelque sorte! Très utile pour des peintures extérieures ou pour le verre qui compose les pare-brise des voitures!
De nombreux laboratoires de recherches partent aujourd’hui de l’observation de la nature pour l’innovation ou l’amélioration de produits…

Quelques objets reliés à leur source naturelle d'inspiration...

Quelques objets reliés à leur source naturelle d’inspiration…

 

L’exposition « Qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer! » du Pass’âge des Enfants au Pass propose aux 6-12 ans de découvrir en jouant quelques exemples d’objets directement inspirés de la nature.

 

(photo du TGV : Paris Match; dessins : Christelle Monnoye).