Une étude publiée cette semaine dans la revue Nature Physics révèle comment le caméléon attrape ses proies, des proies parfois énormes comparativement à eux! Les auteurs ? Des chercheurs de l’UMONS et de l’ULB.

Du caméléon, on retient souvent sa capacité à se fondre dans son environnement en changeant de couleur, art passé dans l’expression populaire pour désigner celui qui change facilement d’opinion ou d’attitude en fonction de son intérêt. Une modification de la façon dont sont organisés les nanocristaux contenus dans certaines de ses cellules expliquent ce phénomène, comme des recherches précédentes l’ont démontré.

Mais cette aptitude étonnante est loin d’être la seule à faire du caméléon un animal fascinant : les doigts séparés en 2 groupes, tels une pince, pour s’agripper fermement aux branches ou les yeux disposant d’une mobilité indépendante pour lui assurer le champ de vision maximal constituent d’autres particularités du saurien.

La langue du caméléon : un piège adhésif!

Ce que les chercheurs de l’UMONS et de l’ULB, en collaboration avec le Museum d’Histoire naturelle de Paris, ont découvert, c’est la façon dont les caméléons, sous leur apparente nonchalance, attrapent leur proie : ils projettent soudain leur langue avec une précision extrême…et une accélération allant jusqu’à 1500m/s²! Une langue qui peut s’allonger pour atteindre environ 2 fois leur taille! Pour capturer des proies pesant parfois jusqu’à 30% de leur poids, il faut en outre une adhésion suffisante entre la proie et la langue. Cette adhésion impressionnante est due à la combinaison de deux particularités : un mucus, secrété à l’extrémité de la langue, qui possède une viscosité 400 fois supérieure à celle de la salive humaine, et la déformabilité de la langue, lors de la projection, qui produit une grande surface de contact entre elle et la proie. Bref, un piège adhésif démoniaque, comme on peut le voir dans cette vidéo.

L’étude publiée dans la revue Nature Physics combine des outils de mécanique associés à des mesures de la morphologie de la langue. Les prédictions théoriques des auteurs ont été comparées avec les données expérimentales et les résultats fournissent une nouvelle méthodologie applicable à l’étude  de la capture des proie par d’autres prédateurs comme les salamandres ou les crapauds, qui se nourrissent également de cette manière.

Mais ce qui peut être également souligné dans cette étude c’est son côté interdisciplinaire : à l’ULB, elle est le fait de l’équipe de chercheurs de Fabian Brau appartenant à l’Unité de chimie physique non linéaire (Faculté des sciences), à l’UMONS, elle a été menée par Pascal Damman et son Laboratoire « Interfaces & Fluides complexes » (Faculté des sciences), et au Museum national d’Histoire naturelle de Paris, on retrouve l’Institut de systématique évolution et biodiversité, emmené par Vincent Bels.